Procès de Valeurs Actuelles pour injures racistes contre la députée LFI Danièle Obono

Image article

La Maison des Potes était partie civile aux côtés de Danièle Obono avec Me Raquel Garrido contre Valeurs Actuelles le 23 juin 2021. Le magazine a fait "voyager" la députée de La France Insoumise (LFI) Danièle Obono dans l'univers atroce de l'esclavage africain du XVIIIe siècle.

Le 27 août 2020, le magazine intitulé "Obono l'Africaine" suivi de la phrase "Où la députée insoumise expérimente la responsabilité des Africains dans les horreurs de l'esclavage" lui a consacré 7 pages (p. 39 à p. 46). 

Les railleries et l'ensemble du propos dégradant ramènent la députée à son origine, à la couleur de sa peau ainsi qu'à sa corporalité de femme. Dans ce numéro, Danièle Obono est représentée par une image choquante, en esclave africaine, et, à la page 43 du magazine, est dessinée de profil, nue et enchaînée au cou par un collier de fer. 

https://fl24.net/2020/08/30/affaire-obono-que-contient-vraiment-le-roman... violence de ce texte a soulevé l'indignation générale chez les femmes et les hommes politiques de tous bords, qui ont réagi à l'article de Valeurs Actuelles. 

Interviewé, le Président de la République s'est demandé "Comment l'injustifiable a-t-il été rendu possible ?" Le chef de l'État a appelé la députée Danièle Obono pour lui faire part de sa "condamnation claire de toute forme de racisme" a indiqué l'Élysée à l'AFP.

Le Premier ministre a dénoncé une "publication révoltante" qui "appelle une condamnation sans ambiguïté" et a assuré la députée "du soutien de l'enseignement du gouvernement".

Éric Dupont-Moretti, le ministre de la Justice, a rappelé dans un tweet de soutien à la députée qu'"on est libre d'écrire un roman nauséabond" - "la dimension littéraire (romanesque ou fictionnelle) est mise en avant comme un bouclier, protégeant le texte d'éventuelles poursuites". [...] "Néanmoins, cette insistance sur le caractère littéraire interroge. Habiller ce récit raciste d'une apparence littéraire n'est en effet pas offensif : c'est une stratégie de protection, y compris face à la loi."

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a "condamné cette publication".

Élisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Egalité des chances, condamne totaleament cette publication. "Faire l'apologie du racisme est contraire aux valeurs républicaines. Je ne partage pas les idées de Danièle Obono, mais aujourd'hui je lui apporte tout mon soutien." a-t-elle écrit sur son compte Twitter.

Jean-Luc Mélenchon a notamment demandé que cesse "le harcèlement nauséabond contre Danièle Obono". 

Benoît Hamon a exprimé "toute [sa] solidarité à Danièle Obono, bafouée par la presse d'extrême droite." 

Le trésorier du Rassemblement national, Wallerand de Saint-Just, a dénoncé "une représentation humiliante et blessante d'une élue de la République". 

https://www.valeursactuelles.com/tag/roman-de-lete/?fbclid=IwAR0PvMXKy2P...

https://racismes.hypotheses.org/26?fbclid=IwAR1xeNiU0LlJNp4wSk-2vTHbZ2My...

https://www.liberation.fr/france/2020/08/30/fiction-raciste-sur-daniele-...

https://www.liberation.fr/debats/2020/09/04/daniele-obono-et-la-valeur-a...

https://www.lci.fr/politique/video-lfi-indignation-apres-une-caricature-...

 

La députée La France Insoumise a qualité de "merde raciste" le récit et les illustrations qui la dépeignent en esclave.

https://www.20minutes.fr/arts-stars/medias/2849239-20200829-valeurs-actu...

Ella a dénoncé "une insulte à [ses] ancêtre, sa famille" et "à la République", "une souillure qui ne s'effacera pas",[...] et que "cela fait trois ans qu'on alerte sur le fait qu'il y a un processus de radicalisation, de racisme dans ce pays". Après mûre réflexion, elle a décidé, avec La France Insoumise, de porter plainte contre Valeurs Actuelles.

"C'est une attaque politique avilissante et dégradante" estime la députée de La France Insoumise, Danièle Obono. "De me voir dépeinte de cette manière-là, j'ai ressenti une extrême violence" explique l'élue qui confirme n'avoir "jamais autant ressenti dans sa chair la violence du racisme et du sexisme de cette manière-là." "C'est un sentiment d'indignation, de dégoût, de révolte et de détermination par rapport au combat que je mène contre ces comportements, ces propos, profondément anti-républicains". 

https://www.francetvinfo.fr/politique/la-france-insoumise/?fbclid=IwAR3M...

Après cette vague d'indignation, c'est la justice qui s'est saisie de l'affaire. Le parquet de Paris a annoncé le lundi 31 août ouvrir une enquête contre le magazine qui a mis en scène la députée LFI en esclavage africaine, dans une série de "politique-fiction" pour "injures à caractère raciste". Le procureur de la République a indiqué dans un communiqué les investigations avaient été confiées à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la Direction régionale de la police judiciaire (DRPJ). 

https://www.lesinrocks.com/actu/daniele-obono-en-esclave-dans-valeurs-ac...

Le racisme comme rapport social ne peut nuire qu'aux catégories de population profondément infériorisées tout au long de l'histoire. Même si elle le souhaitait, Danièle Obono ne pourrait pas infliger une violence symbolique de la même intensité aux journalistes de Valeus Actuelles que celles qu'ils lui ont fait subir.

Cet article montre comment l'habillage éditorial "littéraire" de ce texte ainsi que les rouages de la fiction visent à injurier la députée tout en se déresponsabilisant. On voit comment l'excuse littéraire se construit en habillant ce récit raciste et haineux d'une apparence littéraire non inoffensive.

Par son racisme décomplexé, la fiction de Valeurs Actuelles salit le journalisme et ce qu'il devrait être et cet excès est en outre indigne de notre époque. 

---- 

Dans cette affaire, le procureur de la République a requis 1500€ d'amende pour les auteurs d'une "création littéraire appartenant à l'invective". 

Le jugement, rendu le 29 septembre 2021, a condamné le magazine Valeurs Actuelles pour injure publique à caractère raciste.

Erik Monjalous, directeur de la publication du magazine et renvoyé devant le tribunal pour "injure publique envers un particulier à raison de son origine", le directeur de la rédaction Geoffroy Lejeune et le rédacteur de l'article Laurent Dandrieu (ces deux derniers jugés pour complicité) ont été condamnés à une amende 1500€ chacun et à verser 5000€ de dommages et intérêts à Danièle Obono.