Catherine Quéré, candidate PS et députée sortante de Charente-Maritime
Madame, Monsieur,
Je tiens tout d’abord à vous remercier de m’avoir adressé ce questionnaire. Je suis élue d’un territoire plutôt rural mais où les problématiques d’égalité sont très prégnantes d’abord parce qu’à Saintes, l’une des deux villes de ma circonscription, les quartiers populaires sont une réalité mais aussi parce que la nécessité de faire de l’égalité une réalité dépasse largement ces quartiers. Les questions de logement social, celles des travailleurs sans papiers ou encore celles des violences faites aux femmes sont au cœur de mes préoccupations depuis le début de mon mandat en 2007. Ils continueront bien entendu à l’être dans le deuxième mandat que je sollicite auprès des électeurs.
- Régulariser les travailleurs sans papiers :
L’engagement que je prends au côté des autres députés qui travailleront avec François Hollande c’est qu’il faudra mettre fin au traitement arbitraire que l’on a infligé aux travailleurs sans papier depuis 10 ans. Je pense que le meilleur moyen de rompre définitivement avec ces pratiques est d’étudier les dossiers au cas par cas. Depuis que j’ai été élu en 2007, j’ai reçu beaucoup de personnes dans ma permanence pour les aider à trouver des solutions à des situations souvent intolérables sur le plan humain notamment la séparation des familles. C’est cette approche humaine et individuelle qui me semble la mieux adaptée à cette question.
- Rajouter 30 % de professeurs dans les ZEP :
Il n’y a pas de zone d’éducation prioritaire sur la circonscription de Saintes-Saint Jean d’Angély mais je suis et serai avant tout une députée de la Nation toute entière. La question de la pénurie d’enseignants dans les ZEP doit donc être résolue prioritairement. En cela, je suis complètement en accord avec la promesse que François Hollande a faite de créer 60 000 postes d’enseignants. Parmi eux, les ZEP bénéficieront de ces créations ainsi que, je l’espère, l’ensemble des établissements notamment ceux du primaire.
- Anonymiser les candidatures de logements HLM
La pénurie de logement social, quelque soit le territoire, est un vrai problème. J’ai reçu dans ma permanence un grand nombre de personnes découragées par les dossiers, l’attente d’une réponse ou l’attribution d’un logement adapté. L’anonymisation des candidatures peut faire partir d’une amélioration du dispositif mais il faudra aussi augmenter la construction de logements sociaux et obliger les communes à respecter la loi dans ce domaine.
- Impliquer les entreprises dans la formation professionnelle des jeunes des quartiers.
Il faut créer les conditions pour que les entreprises recrutent les jeunes des quartiers, la formation professionnelle en est une mais la mise en place du CV anonyme est une solution complémentaire. De même, on peut imaginer que les subventions et l’aide publique s’accompagnent obligatoirement d’un dispositif de lutte contre les discriminations.
- De titulariser 100 000 éducateurs et animateurs pour la jeunesse des quartiers populaires et financer les associations d’éducation populaire avec 10% des taxes sur le PMU et le loto ?
Les associations assurent le lien social dans nos sociétés et il faut reconnaître et encourager leurs actions. La taxe sur les jeux des hasards est une piste très intéressante pour financer leurs actions. Les contrats d’avenir que le gouvernement compte mettre en place très rapidement dans la lignée des emplois jeunes du gouvernement Jospin permettront entre autre de répondre à cette attente de création de postes pour les associations et l’éducation populaire.
- De soutenir la création culturelle et audiovisuelle dans les quartiers avec 10% de la redevance télé
Les quartiers fourmillent de richesse et de créativité. Il faut évidemment que nous nous donnions les moyens de soutenir les talents mais aussi d’utiliser la culture comme medium du lien social.
- D’ouvrir les emplois publics aux étrangers sans discrimination
Le droit de vote aux étrangers pour les élections municipales participe d’une juste reconnaissance que la France doit à la richesse et à la diversité des nationalités sur son territoire. Celle de l’accès à certains emplois publics peut constituer une autre piste qu’il faudra penser en concertation.
- De construire des centres d’hébergement d’urgence pour les femmes victimes de violence
J’ai fait partie de la mission d’évaluation de la politique de lutte contre les violences faites aux femmes qui s’est tenue en 2009 à l’Assemblée nationale. Ce fut une expérience bouleversante. Les conclusions du rapport de la mission vont bien au-delà de la construction de structures d’hébergement qui sont bien entendu une nécessité. La mission fait ainsi état de 65 propositions à mettre en œuvre. Il nous faut ainsi progresser sur la connaissance des violences faites aux femmes qui prennent des formes multiples mais aussi sur la prévention, le suivi et la prise en charge des enfants, victimes collatérales, et enfin sur les auteurs de ces violences. Enfin, la mission a insisté sur la formation des professionnels qui agissent sur le terrain (médecin, policiers, associations…). Le chantier est immense mais le rapport de la mission l’a engagé avec force.
- De doubler le montant de l’aide juridictionnelle
Je suis évidemment favorable à un accès facilité et encouragé à l’aide juridictionnelle qui doit donc être correctement rémunérée. Cette mesure est une reconnaissance du principe d’égalité pour les justiciables.
- D’enseigner la laïcité
« Il y a mille manières de rassembler les hommes, disait Rousseau, il n’y en a qu’une de les unir. » La laïcité est une valeur fondamentale de notre nation, historiquement fondée et qui a sa place dans notre constitution, encore faut-il se poser un certain nombre de questions. L’Etat doit être à même de respecter la diversité, de la reconnaître, sans mettre en péril l’intégration à la société politique. La faculté de celui-ci à assurer le dialogue, à réinventer le modus vivendi, est garant du pacte prorogé entre les citoyens au sein de la société en constante évolution. Il n’est donc nullement question de faire de l’ingérence dans les programmes scolaires mais d’initier une réflexion sur ce qu’est le pacte laïque de la nouvelle société française. L’école est l’un des lieux où cette réflexion doit être menée.