Le 17 janvier 2022 a eu lieu le prononcé du jugement de la 17e chambre correctionnelle du Tribunal Judiciaire de Paris contre Eric Zemmour et le directeur de publication de CNEWS, Jean Christophe Thiery, suite au procès de ces derniers le 17 novembre 2021. Le tribunal rendait son jugement pour les propos du politicien en date du 29 septembre 2020 incitant à la haine contre les mineurs isolés musulmans tenus en différé dans son émission sur CNEWS. Sur la chaîne d'info en continu, Eric Zemmour les avaient qualifiés de "voleurs", "violeurs" et "assassins".
Le procès devait avoir lieu initialement le 8 septembre 2021, et avait finalement été reporté au 17 novembre 2021 à la demande d'Eric Zemmour qui voulait repousser au plus tard possible sa condamnation pour pouvoir lancer sa campagne présidentielle tranquillement.
A l'issue du procès, Eric Zemmour a été condamné pour "injures racistes et incitation à la haine raciste" ainsi qu'à 10 000€ d'amende. Le directeur de publication de CNEWS s'est quant à lui acquitté d'une amende de 3000€. Conjointement, Eric Zemmour et Jean Christophe Thiery doivent aussi verser 19 000€ à la Maison des Potes et 5 autres associations de défense des droits de l'homme qui s'étaient portées partie civile : 10 001€ de dommages et intérêts et 9000€ de frais de justice.
Bien que la Maison des Potes trouve cette condamnation faible, c'est tout de même une victoire importante contre Eric Zemmour et CNEWS qui doit permettre de faire cesser, sur CNEWS et ailleurs, ces discours incitant à la haine raciste et à la violence qui galvanisent des individus d'extrême droite prêts à passer à l'acte.
RAPPEL DES FAITS :
Le 29 septembre 2020 sur le plateau de CNews, Éric Zemmour avait fait de scandaleuses déclarations, indiquant que les mineurs isolés étaient des "voleurs, assassins et violeurs". La chaîne CNews était aussi poursuivie car l'émission "Face à l'info", présentée par Christine Kelly et dont Éric Zemmour est un des chroniqueurs, était diffusée en léger différé, ce qui signifie que la chaîne avait tout le loisir de couper les propos litigieux, mais qu'elle a décidé de ne pas le faire.
Le procès avait eu lieu le 17 novembre 2021 pour "complicité de provocation à la haine raciale" et la Maison des Potes avait souhaité la plus large mobilisation des associations de lutte contre le racisme, des associations qui prennent en charge les mineurs isolés ainsi que des départements qui exercent la tutelle juridique sur les mineurs isolés.
La 17e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris avait déjà condamné Éric Zemmour le 25 septembre 2020 pour "injures publiques" et "provocation publique à la discrimination, la haine ou la violence" pour ses propos tenus le 28 septembre 2019 contre l'islam et l'immigration lors de la convention de la droite et qui avaient été diffusés en intégralité sur la chaîne d'information LCI. Il était alors poursuivi par la Maison des Potes et 8 autres associations de lutte contre le racisme. La Cour d'appel l'avait finalement relaxé le mercredi 8 septembre 2021 au motif que l'incitation à la haine raciale et les injures racistes ne viseraient pas l'ensemble de la communauté musulmane mais seulement une partie d'entre-elle.
À la suite de la relaxe, la Maison des Potes s'est pourvue en Cassation et l'arrêt de la Cour de Cassation sera rendu dans les prochains mois. Mais, par ailleurs, Eric Zemmour avait déjà été condamné à 2 reprises auparavant pour "provocation à la haine raciale" en 2011 contre les noirs et les arabes et "provocation à la haine religieuse" contre les musulmans en 2018.
Le 3 mai 2018, la Cour d'appel de Paris avait condamné Éric Zemmour pour ses propos islamophobes tenus en 2016 sur le plateau de l'émission C à Vous" sur France 5 où il parlait d'une "invasion" de la France par les musulmans. À la suite de cette condamnation, Éric Zemmour avait choisi de se pourvoir en Cassation, qui avait rejeté son recours.
La Maison des Potes a réclamé par la voix de son président Samuel Thomas la peine complémentaire d'inéligibilité à chacune des audiences. La justice doit veiller à ce qu'aucune personne qui met en danger la cohésion nationale par des incitations à la haine raciale puisse se présenter devant les électeurs.
L'enjeu n'est pas de savoir si Eric Zemmour pourrait obtenir un poste d'élu mais de savoir si une personne condamnée pour incitation à la haine raciale a le droit de concourir devant les électeurs. La disposition de privation des droits civiques est inscrite dans le code pénal depuis 1990 pour protéger le pays contre des personnes aussi dangereuses que Eric Zemmour.
Retrouvons nous ce lundi 17 janvier à 13h00 devant le tribunal judiciaire de Paris, porte de clichy.