Maison des Potes de Lons le Saunier
Lons le Saunier (Maison des Potes) : Culture, Education populaire
Lons le Saunier : Créée en 2011, la Maison des Potes est dirigée par Samira Tafraout dans le centre-ville travaille en tandem avec SOS Racisme, ils organisent des repas solidaires et des tournois de football pour mobiliser les habitants des quartiers.
Marc-Henri Duvernet sur la démocratie participative et les associations (Conseiller Général du Jura – Lons le Saunier) :
« J’ai été élu du PS à 24 ans sur un canton qui n’avait jamais été à gauche. Avec les élections partielles qui se multiplient, c’est vrai que la question de la crise du politique refait surface. La responsabilité politique est des élus et de la démocratie représentative. Il faut que l’on repense nous-mêmes notre action. Par exemple, Jean Viard, sociologue et directeur de recherche au CNRS dit qu’aujourd’hui on peut contester la société telle qu’elle est, mais on ne va pas la changer d’un coup de baguette magique, chers camarades. Il faut partir du réel pour ensuite tendre peut-être un peu plus vers l’idéal. Mais il dit qu’on vit dans une société de liberté composée de tribus et d’intérêts particuliers. Les gens aujourd’hui sont davantage des consommateurs. On vient adhérer à une association malgré n’importe quel bel idéal mais c’est aussi dans son propre intérêt. Je pense que la gauche doit également penser comme ça pour repartir du réel. La société civile est en avance. Le covoiturage une question criante pour les ruraux avec la hausse des carburants, l’habitat diffus. Le covoiturage n’a pourtant pas d’encadrement juridique. Chaque semaine des médias en parlent et les élus font semblant de ne pas le voir. La sous-location est un phénomène répandu à Paris et pourtant strictement interdit. On pourrait parler de nouvelle médecine, etc… On a l’impression qu’il y a un hiatus entre ce que vit une bonne partie de la population au quotidien et la décision politique. Pour repartir du local, il faut être humble et reconnaître que l’élu n’est qu’un intermédiaire. C’est ce que j’appelle la co-construction. C’est laisser un peu de soi : moi j’ai étiquette mais je ne demande pas son étiquette à la personne qui vient me voir. Je travaille pour tout le monde. Il faut en venir à une méthode plus horizontale et c’est ce que Jean Viard dit aussi. « La verticalité aujourd’hui de la démocratie telle qu’elle fonctionne arrive à un point où il y a une crise de confiance, où plutôt que les énarques aujourd’hui on préfère les gens de terrain, où plutôt que les experts qui arrivent dans l’immédiat on préfère les gens qui viennent témoigner. » Et cette fin du primat de l’expertise politique ouvre un champ. Si les élus de la démocratie représentative que nous sommes s’y engouffrent, cela peut être intéressant.
L’horizontalité pour moi c’est aussi reterritorialiser le débat. Il y a différentes régions. On ne peut pas aller contre les histoires locales. La République est une et indivisible mais il y a sur des dossiers locaux des enjeux très forts. On ne peut pas se priver de mettre en place, mais la loi ne nous le permet pas, le référendum d’initiative locale, mais très locale, à l’échelle d’une agglomération. Plutôt que de buter sur des murs ou des incompréhensions par rapport à ce qu’ils vivent au quotidien, ces gens ont envie de prendre le pouls de la question et de s’en saisir. Que toute décision devienne une décision valable.
Revenons sur cet élu intermédiaire. Moi je fais beaucoup de porte-à-porte, je fais le tour des commerçants dans les quartiers où j’ai grandi, je suis sans cesse hors les murs. Il y en a assez de ces techniciens, de ces élus qui croient régner à travers le siège de là où ils sont. Un élu doit être hors les murs sans cesse, il est un intermédiaire pour prendre le pouls de la société.
Concernant le budget participatif, sur des enveloppes réservées ou pas, il faut que les gens se sentent concernés. La priorité c’est que les élus cessent de cumuler la fonction d’élu d’une ville centre et de président de l’agglomération, et qui, quand ils font et votent leurs projets, ceux-ci ne vont pas dans le sens d’une équité territoriale pour les communes alentours, ils sont forcément pour la ville centre. Tout le monde lève la main, ou même pas, en fait on est venu écouter. « Qui est contre, qui s’abstient ». On ne lève même plus la main aujourd’hui en démocratie en France. On ne commence jamais à poser la question du pour. Et c’est pareil partout, en assemblée générale, en conseil d’administration. On a créé de la chambre d’enregistrement. »