Etape de Grenoble

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Nous nous sommes rendus à Grenoble et plus précisément dans les locaux de l’association KIAP le mercredi 23 novembre 2023 où nous avons notamment été reçus par les responsables du KIAP, Brahim et Djamel Wazizi.

 

Dans un premier temps, nous faisons le bilan des étapes que nous avons mené jusqu’alors. Nous expliquons que nous remarquons un recul de la vigilance antiraciste et les choses auparavant inacceptables deviennent tolérées. Nous expliquons également que dans les villes-étapes nous rencontrons presque toujours des convaincus, mais que la jeunesse peine à se faire voir dans nos réunions.

 

Les résultats du sondage Harris Interactive d’octobre 2022 ont révélé que les français étaient majoritairement pour nos revendications, mais nous sommes une majorité trop silencieuse et nous devons mener plus d’actions, dont des actions coup de poing.

 

Céline Deslattes, conseillère municipale à Grenoble déléguée à la grande précarité, relève le fait de se poser la question « Comment faire parler les personnes qui sont victimes de discrimination ? » on doit accompagner les personnes victimes de racisme et de discrimination pour qu’elles s’expriment elles-mêmes. Elle dénonce le fait que lorsqu’elle était présidente du planning familial, la structure avait proposé d’autoriser le port de vêtements couvrants pour aller à la piscine, et qu’elle a reçu un flot d’insultes suite a cette proposition, les traitant d’extrémistes, disant que le planning familial était manipulé par les musulmans. Elle explique que collectivement on doit permettre aux personnes concernées de discriminations de s’exprimer.

Elle dénonce aussi que lorsque nous aurions pu aller au pénal lors de délits, nous avons laisser passer, et notamment le Parti socialiste. Dans les années 80, elle explique que les partis dont le PS auraient dû être plus offensives contre le FN, plus méfiants, et qu’ils auraient du directement admettre que c’était un parti anti-républicain.

 

Un participant à la rencontre explique qu’aujourd’hui la législation est de notre côté, mais que cela pourrait changer. Pour lui, le combat culturel, nous le perdons car nous avons laissé l’adversaire choisir nos arguments.

 

Maude Wadelec conseillère municipale à Grenoble, explique qu’il ne faut pas avoir peur de la notion de communautarisme et qu’il est nécessaire de se rassembler et de faire des réunions pour faire avancer les choses.

 

Ibrahim Gueye, élève-avocat à la Maison des Potes, explique qu’il faut avoir le courage de ses idées et le courage des convictions et qu’il ne faut pas baisser la tête devant l’extrême droite. Il faut garder la tête haute et conserver ses convictions. Il déplore le fait que par exemple une personne qui fait sa prière pose problème, alors que lorsqu’un jour de football pose le front au sol après un but, cela ne pose pas problème. Par exemple, si des vêtements collants sont portés pour par exemple cacher ses cicatrices ou lorsque l’on n’est pas à l’aise avec son corps, cela ne pose pas problème, mais si l’on dit que c’est par conviction religieuse, alors la cela pose problème.

 

Céline et Maude disent que nous perdons le combat car nous disons justement que nous perdons le combat et que nous sommes défaitistes.

 

Samuel Thomas et Ibrahim Gueye disent que nous devons réaffirmer les droits individuels.

 

Samuel explique que sous prétexte de ne pas faire monter le RN, on empêche les personnes d’être régularisées. Or, il explique qu’au contraire de ce que l’on pense, régulariser et donner plus de droits aux travailleurs sans-papiers augmenteraient les droits des personnes « françaises ».

 

Ali Djilali-Bouzina, membre d’Alter Egaux Isère, demande ce que maintenant on fait concrètement, quelles actions ? Il y a tout un travail de déconstruction et d’explication car les jeunes sont envahis par des médias qui endoctrinent. Il faut s’approprier les cultures et la parole, notamment à travers du théâtre. Ali Djilali explique que du communautarisme se créé aussi car les gens ne se sentent pas intégrés, et prennent donc leurs distances avec la société pour se regrouper avec des personnes discriminées, qui se font éloigner, insulter par la société. Les personnes victimes de discrimination baissent les bras. Il faut expliquer, car avec les explications vient l’empathie, notamment en faisant des interventions auprès des jeunes, notamment. Nous devons se battre, non seulement au titre d’associations, mais a titre personnel aussi. Il faut donner la parole a tout le monde, et ne pas parler à la place des autres.

 

Samuel explique que depuis les années 70, parler des discriminations faites aux étrangers a été passé sous silence. C’est un combat très difficile, car souvent les remarques sont de type « Les étrangers n’ont qu’a devenir français s’ils ne veulent plus être discriminés. »

 

Un participant, Bob Medjbeur, avait postulé a l’OPAC de la Savoie, et son profil n’avait pas été retenu. Il a postulé de nouveau avec un autre nom, de consonance française, et là il a été retenu. Il a passé l’entretien, avec 3 personnes, n’a été vraiment pris en compte que par 1, puis s’est finalement fait refuser le poste. Il a dès lors décider de prendre un avocat et de passer devant le tribunal judiciaire. SOS Racisme s’est portée partie civile à ses côtés. Au premier jugement, il a gagné. Puis, l’OPAC a fait appel, et le monsieur a malheureusement perdu en appel. Il dénonce notamment que le défenseur des droits ne lui est pas venu en aide.

 

La venue des marcheurs de l'égalité au KIAP de Grenoble a fait l'objet d'un article, paru dans le Dauphiné Libéré, à retrouver ici : https://www.ledauphine.com/defense-guerre-conflit/2022/11/24/le-tour-de-france-de-l-egalite-a-fait-etape-a-grenoble