Etape de Lille

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 Le 11 décembre dernier, la Fédération Nationale des Maisons des Potes organisait la visioconférence « Lille pour l’Égalité contre le racisme et les discriminations ». Côté invité-e-s, nous avions Romain, étudiant en médecine et responsable des 4 équipes locales de l’association étudiante la Goutte d’eau qui traite les sujets de la lutte contre les discriminations, de l’écologie, de la précarité et surtout les maraudes et un tout nouveau pôle culture. Alizée, elle aussi étudiante en médecine, est bénévole à l’association la Goutte d’eau au pôle discrimination. L’objectif de l’association est de sensibiliser les étudiants des campus lillois particulièrement et aussi de récolter des témoignages d’étudiants de 5 campus lillois autour de questions liées aux sujets des violences sexistes et sexuelles. Alizée raconte aussi qu’une idée de mise en place de vidéos avait été pensé, dans le but de parler des maladies stigmatisantes et pas toujours bien connues du public comme les maladies mentales.

Bien que très engagée dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, Romain évoque la possibilité pour leur association de s’étendre sur d’autres sujets travaillés par les Maisons des Potes. De plus, Maître Florian REGLEY, avocat au barreau de Lille a accepté de participer à la visioconférence notamment car il avait déjà travaillé plus tôt dans l’année avec la fédération dans le cadre d’un procès pour attester du caractère raciste d’une tentative d’assassinat, procès ayant été par ailleurs remporté. Florian explique vouloir poursuivre son travail à l’audience en coordination avec la fédération mais également pourquoi pas réfléchir à des actions à préparer en amont d’autres procès à l’avenir. Ensuite, nous avions Camille et Malal, respectivement étudiants en première et en deuxième année de licence sciences politiques à Lille et bénévoles à Adespol2 (Association des Étudiants en Sciences Politiques de Lille) au pôle caritatif. Camille racontait que parmi les missions déjà effectuées, ils ont envoyé des lettres aux personnes âgées résidant en EHPAD et qui souffrent d’isolement et de solitude et ce d’autant plus durant cette période de crise sanitaire où les visites sont très limitées ou interdites. Également, Camille, en tant que femme, se sent très investie dans les questions de la place de la femme dans la société.  Malal poursuit avec une autre ambition d’Adespol2 qui est de mettre en place des partenariats avec d’autres structures lilloises afin d’effectuer des maraudes. Malal est aussi jeune ambassadeur depuis 3 ans à l’UNICEF qui tente de créer une antenne de l’association au sein de Lille 2.

Puis, la parole est donnée à Régis, secrétaire de Fiertés Lille Pride qui est plutôt une métastructure coordonnant plusieurs associations derrière elle et qui a pour tâches principales d’organiser la Pride et le Salon inter-LGBT. Son rôle pendant la visioconférence fut donc surtout de noter des informations la concernant afin de pouvoir s’en faire le relais auprès d’autres associations davantage dans le militantisme et ce au niveau national mais aussi international. Se présente ensuite Dounyazade MADJIJI, ancienne élue d’opposition à Hénin-Beaumont, où le maire fait partie du Rassemblement National (RN). À ce constat, Dounyazade propose donc que les Maisons des Potes ainsi que les autres associations locales lilloises puissent intervenir dans les communes environnantes à Lille comme Hénin-Beaumont afin d’intervenir sur les esprits et les mentalités et que tous ne tombent pas dans des idées racistes et discriminantes. Elle dénonce aussi la désensibilisation de la population d’Hénin-Beaumont par rapport à ses droits civiques, c’est-à-dire que beaucoup de citoyens ne prennent plus la peine d’aller voter. Il serait donc intéressant d’effectuer un travail de réhabilitation à propos du droit de vote auprès de la population.

Enfin, Grégoire PÉROT, élu de La République en Marche (LREM) à Dunkerque et militant associatif aux Restos du Cœur de Lille se présente. Il était très intéressé par le thème abordé durant la réunion, et souhaitait y participer pour collecter des informations notamment sur les éléments de langage, sur comment anticiper et comprendre cette problématique, comment réagir en tant qu’élu, etc. Côté fédération, Samuel THOMAS, délégué général de la fédération, Abdoulaye, médiateur de réseaux associatifs, Ayih, Mustapha, Julie, Caroline et Léana, élèves-avocats, Nouara, médiatrice sociale et coordinatrice du dispositif SOS Stage, Redouane ainsi que Rachelle, Marie et Romane, apprenties chargées de communication étaient présents.

 

Samuel débute la réunion en expliquant que la maire de Lille Martine AUBRY s’était engagée au moment des élections municipales sur 12 des 17 propositions des Maisons des Potes (voir document ci-dessous). Malheureusement, la mairie de Lille n’a pas pu être représentée lors de cette visioconférence mais nous avons tout de même évoqué l’une des propositions qui a eu le plus de succès durant cette 11ème étape du TDF et qui s’avère être la première qui concerne l’organisation de la journée du 21 mars à Lille, journée internationale de lutte contre le racisme. Un rendez-vous post visioconférence avec la ville de Lille doit être prévu.

 

Il souligne également la présence nombreuse de la jeunesse étudiante dans ce débat et juge donc très intéressant d’organiser de futurs événements à l’instar de la journée du 21 mars avec elle. Il rappelle qu’en 2021 plus que jamais la journée du 21 mars de lutte internationale contre le racisme est primordiale à mettre en place car c’est son cinquantenaire et qu’à cette occasion nous pourrions tous ensemble réaliser un événement de grande ampleur.

Étant à la fin du TDF, Samuel énonce plusieurs idées proposées pour la journée du 21 mars dans d’autres villes où nous avions déjà fait étape précédemment comme celle de la mise à disposition par la mairie d’une scène artistique, de sonorisations, d’éclairage et de techniciens afin que des artistes engagés y produisent une œuvre sur le thème de l’antiracisme ou encore l’élaboration d’expositions, de conférences-débats avec bâtonniers, procureurs de la République, avocats, policiers ainsi que les 3 juges assignés par le Gouvernement au traitement des signalements de la haine en ligne pour parler des lois et des droits en matière de racisme et de discriminations.

Florian affirme également que des groupes d’avocats engagés dans la lutte contre le racisme et les discriminations se sont déjà formés à l’occasion d’événements passés comme lors de la tragique mort de Georges FLOYD aux États-Unis et que ces avocats seront donc très intéressés pour participer à de futures conférences-débats à Lille, notamment au moment de la journée du 21 mars prochain. L’association APEL (Association Parlementaire Étudiante de Lille) qui n’avait pas pu participer à la visioconférence proposait tout de même également de faire des débats politiques avec des personnalités politiques et publiques comme GLUCKSMANN ou MÉLENCHON qui réaliseraient des plaidoyers contre ces injustices.

 

Samuel propose également un autre type de débat, plus théorique et historique sur l’avènement de l’idéologie raciste en France et à l’international, les liens possibles entre l’histoire de l’esclavage, l’histoire de la colonisation et le racisme d’aujourd’hui, sommes-nous toujours dans un héritage des politiques et doctrines racistes de l’époque de l’esclavage et de la colonisation, etc.

 

Plus tard dans la visioconférence, l’émergence d’un groupe d’étudiants très à droite de Lille 2 qui s’est formé en association étudiante a été évoquée. Ce groupe s’appelle la Cocarde Étudiante et revendique des idées plutôt conservatrices comme le fait qu’il soit fermé à la venue d’étudiants étrangers pour venir étudier en France. De plus, il est mentionné qu’une association étudiante d’un autre campus et basée à Pont-de-Bois a pour vocation de lutter contre le racisme. Également, Malal explique que dans la métropole lilloise est régulièrement organisée les samedis à 15h00 une marche des sans-papiers qui part de la Grande Place et qui se dirige vers la préfecture.

 

Par ailleurs, Samuel reprend les paroles de Dounyazade en introduction concernant Hénin-Beaumont et le Rassemblement National à sa tête. Il explique que, la veille, lors de l’étape du TDF à Hénin-Beaumont, l’équipe des marcheurs de l’égalité avait discuté avec des étudiants de la ville à propos de la venue d’étudiants lillois venant à leur soutien à Hénin-Beaumont pour effectuer des interventions en milieu scolaire dans le but d’éduquer et de sensibiliser les élèves aux problèmes concernant le racisme et les discriminations. En effet, pour Dounyazade, les personnes plus âgées et foncièrement convaincues des idées prônées par l’extrême droite ne changeront pas, c’est donc vraiment à la jeunesse qu’il faut s’adresser car on peut encore lui faire prendre conscience de la richesse qui réside dans la diversité.

 

Romain soumet alors l’idée de réaliser une sorte d’« état des lieux » avec des statistiques et des témoignages de la situation actuelle de Lille et de ses environs par rapport aux questions de racisme et de discriminations. Ce document pourrait être facilement transmissible aux différentes associations étudiantes lilloises situées sur les différents campus grâce à la Fédération des Associations Étudiants Lilloises qui pourra aider à sa diffusion. Par ailleurs, le fait que le document soit relayé par la FAEL ajoutera de la légitimité et de la visibilité à l’action entreprise.

 

De plus, Romain explique qu’il y a déjà des structures existantes à l’Université de Lille ou encore à la Maison de la médiation qui peuvent aider les étudiants lillois victimes de discrimination mais que bien souvent les étudiants ne connaissent pas l’existence de ces structures. Le rôle des associations étudiantes pourrait alors être d’être un relais d’informations auprès des étudiants lillois afin que ceux-ci prennent conscience de la présence de ces organismes.

 

Samuel poursuit en abordant la 10ème des 17 propositions des Maisons des Potes qui souhaite mettre un terme aux inégalités légales de traitement salarial entre les européens et les non-européens dans la fonction publique hospitalière, dans la fonction publique enseignante, dans les collectivités locales. Dans ces 3 fonctions publiques, des milliers d’étrangers non-européens travaillent comme vacataires et n’ont pas le droit d’être titulaires. Cette absence de droit a pour conséquence de ne pas pouvoir bénéficier d’un statut, de la caisse de retraite particulière, etc. À cette occasion, Samuel rappelle que les Maisons des Potes ont aidé ces personnes sans-papiers à obtenir réparation auprès de leur structure de travail qui les avait discriminés, comme l’exemple des cheminots étrangers exerçant à la SNCF. Il indique par ailleurs que ces procédures durent des années, et dénonce donc en même temps la lenteur des procédures en France. Outre l’aide judiciaire, Samuel met également en avant le caractère primordial des collectifs de soutien auprès des personnes victimes de racisme et de discrimination pour les soutenir dans leurs démarches.

 

Samuel rappelle également que ce n’est que depuis 2009 qu’une loi a été adoptée à la demande des Maisons des Potes et qui autorise les médecins et pharmaciens d’origine étrangère à exercer en profession libérale. Jusqu’alors, des restants du régime pétainiste interdisaient aux médecins étrangers de pratiquer leur métier en France. Pour les médecins hospitaliers, l’obligation de la nationalité française pour avoir le droit de passer le concours est toujours d’actualité.

 

La visioconférence se termine avec le souhait collectif et unanime d’organiser un grand événement le 21 mars prochain à l’occasion du cinquantenaire de la journée internationale de la lutte contre le racisme par le biais d’expositions, d’interventions en établissements scolaires ou encore de conférences-débats.