Etape de Marseille le mardi 29, mercedi 30 et le jeudi 31 mars 2011

 

 

 

Mardi 29 mars 2011

10h-11h : Petit déjeuner et déjeuner briefing de la journée de l’équipe des Potes

12h-14h : Nous sommes reçu à Radio Galère pour parler de notre démarche de notre 2ème Tour de France de l’égalité, de notre magazine des quartiers (Pote à Pote), de la lutte contre les discriminations et le racisme, de la montée du FN, de la politique local, de notre plateforme SOS Stage, des « marcheurs » dont l’artiste marseillais qui nous accompagne Djamajal, du tissu associatif et social de Marseille, de notre implantation, de nos objectifs et de notre rencontre débat au Centre Social La Savine le jeudi 31 mars 2011.

Qu’est ce que Radio Galère ?

Radio Galère qui connut d’abord une existence pirate, est une antenne militante qui occupe le 88.4 MHz marseillais depuis le début des années 1980 - entretien avec Etienne Bastide, qui participa au mouvement des radios libres dans les années 1970, et a depuis poursuivi l’aventure sur la Galère. On parle alors de Radio Béton, de Radio Point Zéro et de Radio Provisoire, ancêtres pirates de Radio Galère, on parle de la création de l’ALO (Association pour la libération des ondes) à Marseille et de ses luttes avant qu’elle ne devienne favorable à la pub, on parle des bouts de ficelle pour émettre sur les ondes, on parle de la montée du Front National à Marseille dans les années 1980 et de ses velléités d’interdire l’antenne, on parle de la Radio Provisoire de Vitrolles sous l’ère Mégret, on parle des différentes émissions qui structurent la grille et de ce que ça signifie d’être une radio militante, on parle de la manière dont les communautés prennent la parole sur l’antenne. Voici l’état d’esprit qui anime cette radio.

14h30-15h30 : Déjeuner de l’équipe

16h15-17h45 : Nous sommes invités par Radio Gazelle. Nous avons échangé sur l’histoire de la Fédération Nationale des Maisons des Potes (FNMDP) et de l’historique du Pote à Pote, de nos liens privilégiés avec nos associations et structures membres de la FNMDP, du 1er et 2eme Tour de France pour faire de l’égalité une réalité, de Marseille et de ses quartiers populaires et plus généralement de l’état de notre pays.

Radio Gazelle en quelques mots…

Créée en 1981 par des jeunes issus de l’immigration, elle est écoutée par les auditeurs issus de toutes les communautés de la région.
Radio FM Gazelle, en donnant aux diverses communautés de la région la possibilité de s’exprimer, permet à chacun de connaître et comprendre sa culture et de retrouver son identité.
Elle représente un média de référence pour les 27 communautés qui constituent son auditoire et qui composent sa programmation à travers les émissions qui sont proposées dans sa grille en différentes langues, en s’exprimant à la fois en Français et dans les langues des pays d’origine ; ce qui témoigne de la volonté d’innovation et d’ouverture d’esprit de son équipe :

• Musique, divertissement, jeux, dédicaces, émissions thématiques ( problèmes de société, insécurité, logement, emploi ...) 
• Intervention de responsables politiques ou institutionnels, d’avocats, d’assistantes sociales, éducateurs, médecins

Parce qu’elle est une Radio FM de proximité, Radio Gazelle peut informer sur la vie de la localité et de la région, mais aussi sur les questions nationales et internationales.

Radio Gazelle se pose comme un interlocuteur privilégié auprès de ces populations : émettant 24 heures sur 24, 365 jours par an, sa zone de diffusion très large s’étend de Marseille et sa région jusqu’à Montpellier.
Par ailleurs, ses moyens techniques à la pointe de la modernité lui assurent une parfaite qualité de diffusion : des investissements importants lui permettent de proposer 2 régies locales, un studio mobile (qui lui permet d’émettre en direct de divers lieux) ainsi qu’un système de rotation automatisé des spots et de rediffusion.

 

Mercredi 30 Mars 2011

 12h-14h:  Debriefing repas de l’équipe

 15h-19h :  Visite de la ville de Marseille et de ses quartiers populaires

 20h30-23h :  Repas débat dans le restaurant La Fontaine situé à côté du Vieux Port de Marseille avec des producteurs, des artistes Rap et R’n’B, des compositeurs, des membres du label Comdpros et des acteurs de la Culture Urbain sur Marseille.                                                     Nous avons échangé sur leurs parcours (personnel, musical etc…), sur leurs projets passés et futurs, sur leurs difficultés dans le milieu de la musique marseillaise notamment la musique underground, et généralement sur la scène hip hop locale. Nous avons également discuté du manque d’unité de la communauté musicale, des rapports compliqués entre les artistes, entre le monde de la musique et les pouvoirs politiques. En résumé, de nos discussions, nous pouvons en tirer que le manque d’organisation pouvant encadrer et promouvoir les jeunes artistes sur Marseille, la difficulté de sortir de la culture de quartier et de son environnement, de la problématique de l’évolution de carrière, de l’orientation, de l’ouverture musical de l’artiste underground à un public plus large (car les artistes ont un vrai problème de ce côté-là, ils craignent  de perdre leur street-crédibilité et de se faire renier par leurs bases!).                                   Enfin, nous sommes quittés sur l’idée qu’il ne faut pas faire les mêmes erreurs que les « grands » artistes comme MC Solar, NTM et IAM qui n’ont pas créer de véritables structures pour valoriser et développer la Culture Urbaine en France et de la faire sortir de son ghetto.                     Nous avons incité sur la nécessité des habitants des quartiers populaires de créer des structures à l’image de Comdpros sur Marseille qui aide l’artiste de A à Z de son développement de sa vie musicale comme aux Etats Unis d’Amérique. Le mot d’ordre des personnes qui ont participé à la table ronde est d’unifier les différents acteurs de la culture et de pérenniser les liens entre les différentes personnes agissant dans ce secteur. Il nous a été dit que des moments de discussions était très rare dans le milieu car gangréné par le chacun pour soi (dirons nous dans son quartier!) et le clanisme. Nous avons terminé sur le fait que celle-ci est la première étape vers la renaissance du mouvement Hip Hop original sur Marseille.

Jeudi 31 Mars 2011

 12h-13h :  Repas débriefing 

 1 4h-17h :  Visite et rencontre dans les quartiers Nord de Marseille

18h-22h : Rencontre débat avec les acteurs sociaux et associatifs, et les jeunes des quartiers Nord de Marseille notamment ceux de la Savine au Centre Social au nom de ce même quartier et nous sommes invités par l’équipe du centre social et de l’association Sound Musical School B.Vice. Nous leur avons présenté notre démarche, nos 10 propositions pour faire de l’égalité une réalité. Puis, nous avons posé 4 questions au cours du débat. Premièrement, nous avons ouvert les hostilités en les interroger pour savoir comment ils se sentent dans le quartier et plus largement de cette ville de Marseille et ont-ils des difficultés à trouver un emploi ou un logement. Voici ce qu’ils nous répondent à la quasi unanimement malgré la vie difficile de ce quartier, malgré les problèmes de discriminations et de racisme les touchant au quotidien, malgré le fait qu’ils galèrent à trouver un logement et un travail, ils ne sont pas fataliste mais réaliste, ils s’en sortent avec les moyens du bord, ils savent que l’Etat ne peut pas tout, ils savent que les missions locales et les centres sociaux ont des limites, que les femmes et les hommes politiques apparaissent en temps de campagnes électorales et promettent de faire de changer les choses (mais ils le font minima!) alors la majeur partie d’entre eux sont en étude, d’autres travaillent et une minorité à choisi la voie du « business » pour s’en sortir et sortir du ghetto.  Deuxièmement, nous leur avons demandé s’ils sentent français ou d’un autre pays. Leurs réponses sont sans ambiguïté se sentent à la fois exclus du pays d’origine de leurs parents et de notre pays mais cela ne veut pas pour autant dire qu’ils ne sont pas français, ils s’identifient plus à leurs quartiers et leur ville car ils sont enfin reconnus à leur juste valeur. Ce qu’ils veulent c’est d’être reconnu comme étant citoyen à part entière puisque les habitants des quartiers populaires notamment les plus jeunes ne peuvent vivre autre part qu’en France. Enfin, nous avons terminé sur l’engagement des jeunes et du vote dans les quartiers populaires. Nous leur avons demandé si aller voter sert à quelque chose et leurs réactions ont été assez mitigées. Une partie de la salle est d’accord avec le discours dans lequel le vote est inutile, que les politiques ne font pas leurs travails sur le terrain et cela quelque soit la couleur politique (« ma vie est dur et même avec la crise, j’ai pu m’en sortir alors même si le FN est au pouvoir, mon quotidien sera-t-il pire? Non je ne le pense pas alors pourquoi voter et m’engager » dit une intervenante sous les applaudissements) et l’autre côté ceux qui pense que le vote et l’engagement citoyen est utile, chaque voix est utile dans une démocratie (« alors qu’au Magreb et au Moyen-Orient, des mouvements populaires réclament la pluralité politique, le droit de vote effectif, le droit de réunion, le droit de s’exprimer dans les médias etc… nous en France, nous nous la coulons douce, nos anciens ont payé le prix du sang pour ce droit et nombre de pays nous envie et nous, jeunes des quartiers populaires comment voulez vous que nous puissions nous faire entendre par nos pouvoirs politiques car les femmes et hommes politiques agissent envers ceux qui les élisent c’est la triste réalité… », dit une responsable du centre social de la Savine). L’assistance est partagée sur ce point mais ce débat a été assez vif et passionné et que chose nous dit que ce débat sur l’engagement et le vote aux élections des habitants des quartiers populaires reflète bien l’état des rapports entre les français et le monde politique. Aussitôt le débat fini, nous sommes donné rendez vous le 4 juin prochain à l’auditorium de l’hôtel de ville de Paris pour les rencontres nationales de la Fédération.

Le Centre Social de la Savine et l’association Sound Musical School B.Vice : une histoire commune.

Le 10 juillet 1991, avec le soutien de l’équipe du centre social du quartier de la Savine, dans le 15ème arrondissement de Marseille, les membres du Groupe de rap B.Vice décident de créer une association loi 1901. Elle a pour nom Sound Musical School B.Vice. Son objectif est de s’occuper des jeunes du quartier qui s’intéressent à la culture HIP-HOP et qui les suivent à toutes leurs représentations par le biais de plusieurs ateliers (Musique Assistée par Ordinateur, Expression vocale et scénique, Danse et échantillonnage, Photographie, Vidéo, Ecriture). Le bouche-à-oreille suffit à attirer toujours plus d’adhérents et le phénomène dépasse très vite le cadre de la cité. Les jeunes des quartiers périphériques et d’ailleurs viennent également s’inscrire dans leurs ateliers (Plan d'Aou, Aygallade, Busserine, les Iris, Félix Pyat, Solidarité, La Granière, Kalliste...), mais aussi des villes limitrophes (Aubagne, Vitrolles, Seine sur mer, Cannes, Toulon...). Comme cela devait arriver, le groupe B.Vice a fait les frais de cette hyper activité. Ses membres se sont tellement investis dans l'animation de leur association qu'ils en ont oublié leur propre groupe de rap. Ils obtiennent divers diplômes de l’éducation populaire ( BAFA, BAFD, BESAPT, BEATEP, BREVET d’état de danse…) mais également des formations en informatique, en comptabilité et droit associatif, en législation du travail… et cela dans le but de mieux gérer leur association mais aussi de mieux encadrer leurs adhérents tout en leur enseignant leurs acquis : initiations de jeunes bénévoles en informatique musicale, en échantillonnages, en expression vocale et scénique, en danse, en montage de projets mais aussi en ateliers d'écriture ; organisation de débats et intervention sur des thèmes de société dans les établissements scolaires de la région et d’ailleurs... C’est ainsi que la Sound Musical School B.Vice est devenu peu à peu un acteur incontournable du milieu Hip Hop marseillais mais aussi de la vie de la cité aussi bien pour les habitants que les institutions du quartier.