Etape de Béziers

Comme dans toutes les étapes du TDF en visioconférence, le modérateur des débats Samuel Thomas fait un bref récapitulatif des étapes précédentes avant d’engager les discussions sur Béziers. Il rappelle d’abord le principe des échanges et les objectifs à atteindre lors de ces débats en soulignant le contexte particulier des villes Front National comme Béziers.

 

Après le brief du principe des échanges, il va ouvrir les discussions autour du 21 Mars pour la célébration de la lutte contre le racisme, une date symbolique qui doit être au cœur des échanges dans les villes détenues par le Front National afin de réveiller les militants anti-racistes pour faire face à l’idéologie dangereuse et incendiaire de l’extrême droite.

 

Avant de se lancer dans les discussions autour du 21 Mars, il a été tenu que les différents intervenants se présentent.

 

Le premier à se lancer dans cet exercice fut Nicolas Cossange, conseiller municipal d’opposition à la mairie et à la communauté d'agglomération d’opposition et conseiller régional d’Occitanie.

 

Par la suite, ce fut le tour de François, membre de Béziers citoyen et d’Europe Ecologie les Verts ayant participé à la dernière campagne municipale dont ils sont sortis perdants, faute de ne pas avoir pu réunir l’ensemble des forces de la gauche comme il l’avait fait avec Béziers citoyen, ce qui explique d’ailleurs leur absence à la représentation municipale.

 

Également, Adriana, journaliste brésilienne vivant à Béziers, était présente, ainsi que Vizir, artiste rappeur habitant à Béziers et militant anti-raciste très engage pour combattre sur le terrain. Il conclut sa présentation en citant le grand Malcolm X : « Le racisme est le plus gros fléau de l’humanité, nous devons le combattre tous ensemble ».

 

Par la suite c’est au tour de Madame Boutauebi Miami de se présenter, citoyenne de Béziers et militante contre le racisme et toutes les formes de discrimination.

 

Yann Tresor, membre d’Europe Ecologie les Verts, se présente. Il a travaillé dans le domaine de l’éducation populaire pour l’association des pupilles de l’enseignement public où il avait pour fonction la surveillance des enfants.

 

Oumar Kacimi, militant anti-raciste de longue date contre l’extrême droite à Béziers et présentant plusieurs casquettes en tant que membre de plusieurs initiatives associatives dont SOS Racisme qui vient d’être créé à Béziers afin de combattre l’idéologie raciste défendue par certains élus de Béziers.

 

Également Linda Meli, membre de l’association « Culture solidaire » à Béziers, est présente. Elle s’occupe spécifiquement des sans-abris mais se sent concernée par tous les combats qui touchent la justice dont notamment le racisme évidemment.

 

Puis Julien, biterrois, sympathisant des causes antiracistes, qui insiste sur le clientélisme à Béziers.

 

Puis Corentin, artiste musicien et également bénévole à la cosmopolithèque de Béziers, lieu associatif dans le centre-ville, ou il y tient une permanence avec Aliou Diop pour la Maison des Potes.

 

Puis Aliou Diop, responsable de la Maison des Potes de Béziers qui déplore la situation sanitaire étant à l’origine de l’annulation de beaucoup de projets.

 

Le 21 mars :

 

Pour lancer le débat sur le 21 Mars, Samuel rappelle le contexte de la naissance du 21 Mars qui est une journée dédiée contre le racisme suite aux massacres des militants anti-apartheid de Sharpeville qui avait eu lieu en 1960. Le 21 Mars est un rendez-vous mondial célébré partout dans le monde avec des dizaines de milliers de manifestants comme par exemple à Amsterdam et Londres. En France malheureusement, la manifestation ne dépasse pas les 2000 personnes parce que les gens ne se sont pas, hélas, appropriés de cette date. L’enjeu est donc de faire que le 21 Mars soit vraiment un jour de mobilisation anti-raciste et que tous les jours soient des jours de mobilisation pour faire de la lutte contre le racisme une lutte puissante. Cela nécessite la mobilisation de toutes les forces anti-racistes pour toucher le public, particulièrement la jeunesse, autour du 21 Mars et de faire la promotion de l’éducation contre le racisme en enseignant l’histoire de l'antiracisme, en parlant des réalités de la discrimination et de comment combattre les discriminations, etc. Il s’appuie sur des villes Rassemblement National comme Beaucaire, Fréjus, Hayange, etc pour renforcer son argumentaire afin d’espérer faire émerger une nouvelle génération anti-raciste dans ces villes et de faire en sorte que le RN ne soit plus au pouvoir dans cette ville.

  

Suite à cette mise en contexte, le débat est ouvert sur le 21 Mars. Dans la foulée Vizir fait savoir que le climat à Béziers est détestable et nauséabond. Vizir continue en expliquant qu’un climat fasciste règne à Béziers par la communication et la propagande du maire de Béziers via des affiches et le journal municipal de la ville dirigé par Robert Ménard. Vizir insiste sur l’aspect propagandiste de l'extrême droite qui hérite du nazisme et qui diabolise les étrangers, les musulmans, etc.

 

Mounir, quant à lui, met l’accent sur l'expérience acquise par Robert Ménard en 6 ans d'expérience. Et cette expérience se démontre lorsqu'un de ses colistiers a tenu des propos racistes et abjects à l'encontre d’une des ministres du gouvernement Macron et qui fut réprimandés grâce aux actions du collectif biterrois SOS Racisme.

 

Le fait que Ménard ait obligé son colistier à démissionner démontre quelque part qu'il a beaucoup appris. Aujourd'hui, Ménard n’est plus directement acteur d’acte raciste, il le fait de manière très insidieuse, ce qui est beaucoup plus violente et dangereuse. Par ce fait, Ménard arrive à nourrir son idéologie raciste en essayant de contourner ou d'éviter les lois qui réprimandent des propos et des actes racistes. Par exemple, il utilise l’islamophobie qui n’est pas ouvertement condamnable par la loi. Il utilise aussi une communication abjecte à travers des affiches comme celle où l’on voit Jésus planter des coups de couteau de partout. Ainsi, derrière cette propagande, il a pour but de mettre de l’huile sur le feu et il mène un combat farouche contre les opposants élus en mettant tout en œuvre pour réduire leur marge de communication sur le journal de Béziers.  

 

Samuel Thomas fait une petite synthèse de l’analyse de Mounir et de Vizir en les mettant en parallèle avec les autres villes RN qui elles aussi développent une propagande communicative impressionnante. Il finit par une question à savoir « En dehors du discours propagandiste et raciste de Robert Ménard, existe-t-il un climat délétère et incendié dans la ville de Béziers au sein de la population ? »

 

A cette question, les intervenants font part d’un sentiment d’amalgame au sein de la population biterroise, entretenu par Robert Ménard. Il essentialise l'identité nationale dans la chrétienté. En ce sens, tous ceux qui ne sont pas chrétiens ne sont pas français, en l'occurrence les musulmans vus comme des envahisseurs. En dehors de ce climat social dangereux, il y a le comportement brutal des policiers qui ont même occasionné la mort d’un homme à Béziers. 

 

L’une des intervenantes évoque les formes de racisme et de discrimination vécues à Béziers qui sont souvent à caractère social et d’appartenance. Elle propose de se focaliser sur le racisme lié aux appartenances pour cadrer le débat, surtout que Ménard, par sa propagande contre les étrangers et les musulmans, incite à la haine, ce qui peut provoquer la guerre civile.

 

Les débatteurs ont essayé d’analyser l'idéologie raciste de Ménard qui instrumentalise le christianisme comme arme de combat contre ceux qu’ils considèrent comme une menace pour l'intégrité et l'identité nationale. D’ailleurs, ils expliquent que Robert Menard s’est converti au christianisme il y a peu sous l’influence de sa femme Emmanuelle Menard qui est une catholique de la mouvance conservatrice primaire.

 

Les militants évoquent le manque d’unité entre les forces anti-racistes pour faire face aux mouvements d’extrême droite. Pour remédier à cela, certains ont émis l’idée de monter des collectifs d’ensemble pour donner plus de force aux luttes anti-racistes, et également résoudre les problèmes de communication entre les mouvements anti-racistes qui ne communiquent pas assez pour unir les forces.

 

Il nous faut des porteurs de parole qui vont faire des sitting dans les espaces publics dans le but de déconstruire l'idéologie d'extrême droite, affirme une des personnes présentes.

 

Ils évoquent également l'idée de faire de l'éducation populaire une priorité en allant dans les milieux scolaires pour enseigner la lutte contre le racisme en collaborant avec les enseignants. 

 

Parmi les stratégies développées pour réactiver les mouvements antiracistes et réveiller les militants, il y a l'idée d'organiser de gigantesques concerts en y invitant de grands artistes de renommée tel que Kery James.

 

Oumar, qui devait réagir sur la proposition d’organiser de grands concerts pour les luttes anti-racistes en cherchant les structures ou organismes sur Béziers capables de couvrir de tels évènements, s’est plutôt tourné sur l’idéologie de l’extrême droite qui est d’abord à abattre, car Robert Menard n’est qu’une façade, une partie visible de l’iceberg, qui cache des choses extrêmement dangereuses. Ménard n’est rien face à l'idéologie générale de l'extrême droite.

 

Il insiste sur les amalgames entretenus dans le milieu de l’extrême droite en instrumentalisant des concepts comme l’islamisme par exemple. Il est amené à faire une étude de déconstruction des concepts dont se nourrissent les fanatiques des deux bords qui instrumentalisent ces concepts pour attiser la haine et semer le chaos par la peur et la violence. 

 

Au sujet de la mise en place des structures qui forment de lanceur d’alerte, Corentin de la Cosmopolithèque intervient en affirmant que ce n'est vraiment pas évident. Il évoque son projet sur des berceuses en plusieurs langues dans des structures municipales comme les crèches, la garderie, les maisons parentale : des papas, des mamans de plusieurs nationalités qui pourraient échanger des berceuses en plusieurs langues. Pour ce projet, l’aval de la mairie était nécessaire et devait monter jusqu’au cabinet du maire, qui l’a refusé.

 

Il y a un climat très gênant où les gens sont réduits au silence à défaut d'être renvoyés, affirme Corentin. Corentin affirme l'importance de se rassembler et ce malgré la situation sanitaire, chacun ne doit pas réaliser des actions dans son coin mais se rassembler pour mener ensemble des actions autour du 21 Mars. 

 

Pour le financement des projets sur Béziers, Samuel propose de s’appuyer sur l’aide de la DILCRAH. Dans ce sens, Vizir propose de travailler avec des artistes célèbres comme Kery James sur Béziers pour mobiliser un maximum du monde.

 

Les échanges et les discussions prennent fin avec le projet de mise en place des permanences juridiques et de proximité dans les quartiers pour aider et suivre les personnes victimes de discrimination et d’actes racistes.