MÉMOIRE DE LA MARCHE POUR l’EGALITE DE 83

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Quelle mémoire transmettre de la marche pour l’Egalité de 1983 et du combat antiraciste menée par SOS Racisme des années 80 ?

 

Un intervenant

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, mais c’est pareil ce qui s’est passé pour la marche, c’est que si on était venu le 17 octobre 1961, ce n’était pas pour demander l’indépendance d’Algérie. C’était simplement pour demander que les autorités françaises de l’époque cessent le couvre-feu. Parce que le couvre-feu, nous, on savait ce que c’était. C’est-à-dire qu’à 20 h le soir, on n’avait plus le droit de sortir. On était emmené directement au commissariat de police et bien souvent, on tombait sur des gens qui n’aimaient pas trop ce genre de manifestation. Et avec ce que j’avais vécu, les souvenirs que j’en avais, ce que j’avais vu de mes propres yeux, ça m’a traumatisé, il faut dire les choses comme elles sont, ça m’a traumatisé. Mon père était un syndicaliste, communiste et son combat, bien sûr, ça a été par la suite son combat pour l’indépendance de l’Algérie. Parce que c’est vrai que mon grand-père avait fait 14-18 et qu’après 17 blessures, son fils voyant ça, il n’était pas question pour lui qu’il fasse une 2e erreur pour lui-même et pour ses enfants. C'est-à-dire qu’on entendait pratiquement tous les jours, tous les jours dans certains quartiers, tous les jours, on entendait que… pas tous les jours des morts mais tous les jours des bastons, des ratonnades, des choses vraiment qui étaient insupportables à entendre et bien sûr, il y a eu ces morts. Et ces morts, ce n’est pas 21, c’est 24. Mes deux filles, une de 32 ans, une de 20 ans, ont été au cinéma, elles ont été voir la marche. Et là, elles m’ont dit : papa, on ne savait pas que tu avais pu vivre ça. Moi, j’ai jamais voulu le voir ce film-là et je le verrai jamais. Jamais j’irai le voir pour la simple et bonne raison qu’il me rappelle tellement de mauvais souvenirs, surtout notre arrivée à Dreux, que croyez-moi, quand on a vécu ces choses-là, on n’a pas envie de les revivre, surtout à travers le cinéma. Alors quand mes filles m’ont interpellé en me disant : mais c’était comme ça ? Ça s’est passé comme ça ? Moi, je ne l’ai pas vu le film, mais d’après ce que j’en ai entendu, effectivement. Ce n’était pas du cinéma. Nos parents, qui travaillaient dans des usines à la chaîne, moi, mon père, il travaillait dans le charbon, dans les mines à Saint-Etienne, je me rappelle tout le temps, il baissait la tête devant ces… je me rappelle, j’ai un souvenir en tête comme ça qu’il ramenait toujours une bouteille de Ricard pour le chef, parce que s’il ne ramenait pas la bouteille de Ricard, le chef pouvait le faire virer. Ça, ça m’est resté aussi. Donc, voilà, donc c’était humiliation sur humiliation. Et quand leur dignité était atteinte, nous, les enfants, on le vivait très très mal. Mitterrand était venu aux Minguettes, bien avant la marche, il est venu et il a parlé et il a dit des choses. Et ces choses-là, on ne les a pas oubliées. Et donc en 83, quand il a reçu une délégation entre autres composée de et que ça n’a pratiquement rien donné, puisque quand on regarde 30 ans après où on en est, on va dire qu’on parle de race maintenant, on parle de… Nous, on n’a jamais connu ça, à notre époque, on n’a pas connu ça. Tout ce qu’on voulait nous, c’était ça, mettre un terme aux crimes racistes, c’était tout. Et là-dessus, je vais arrêter.

 

 

 

 

Un intervenant

La première chose qui m’a fait rêver, c’est d’aller à la rencontre des associatifs et du terrain en vue de voir un petit peu ce qui se passe sur le terrain et on appelait ça le Tour de France de l’égalité. L’heure est grave en fait, parce qu’en fait, il n’y a pas eu de transmission de cette marche de 83. Nous, quand on est passé, on a dû informer certaines personnes qu’il y a eu une marche en 83. Et du coup, tout ce que vous avez dit Abdel, Saadane et Abdou tout à l’heure, en propos introductifs soulignent qu’il y a encore besoin qu’on informe, besoin de savoir, puisque même dans les manuels d’Histoire, puisque j’en parlais tout à l’heure en privé avec quelques-uns, il n’y a même pas dans les nouveaux mouvements sociaux la marche pour l’égalité et contre le racisme. Il n’y a même pas. Il y en a qui découvrent nos générations, générations nées après 1983, on n’est pas au courant si on ne cherche pas, si on n’a pas un parent, si on n’a pas quelqu’un d’affilié ou s’il n’y a pas quelqu’un qui est venu se déplacer depuis 2010 comme nous, on fait à la fédé, ils ne savent pas qu’il y avait une lutte avant et qu’on n’est pas venu de ex nihilo. On est venu, parce qu’il y a des gens qui ont marché malgré les divergences d’opinions, qu’ils ont marché, qu’ils ont été rompus à la lutte pour l’égalité et contre le racisme et on a fait signaler ce message, là à chaque fois déjà devoir de transmission des anciennes générations sur les nouvelles. Déjà ça, c’est le premier point. Le deuxième point, c’est aussi les associations au niveau local. Les associations au niveau local, elles ont un rôle à jouer puisque là, il y en a plusieurs. Et donc, cette transmission, pourquoi il n’y a pas eu cette transmission ? Mon deuxième point, c’est la division du… Le milieu associatif des quartiers populaires du nord au sud, de l’est à l’ouest est balkanisé par le manque de moyens et par assez beaucoup de choses, d’histoire aussi, parce qu’il y en a qui ne veulent pas travailler avec les uns, pas avec les autres. Et nous, la démarche de la fédération nationale des Maisons des potes et des Maisons des potes, c’est justement d’accueillir, comme tu disais Abdel, toutes ces luttes… C'est-à-dire on est pro LGBT, on est laïcard, on est pour l’égalité et du coup, tous ces militants qui veulent lutter contre les discriminations et le racisme, nous, on veut les rassembler pour pouvoir faire quelque chose de constructif à l’avenir. Et du coup, la Maison des potes quand on explique dans chaque tour, c’est de pouvoir promouvoir cette unité et ce rassemblement qui manque tant dans les quartiers en ce moment. Je pense qu’on est davantage divisé en 2013 qu’en 83.

 

 

Un intervenant

La marche des beurs, c’est une prise de conscience, ça déclenche quelque chose. A partir de là, ceux qui sont en responsabilité de la marche estiment pour la plupart d’entre eux, que ce qu’ils ont porté est énorme. Et le poids, y compris le poids médiatique, qui pousse, que pèse sur eux et qui fait que ce ne sont pas des militants au point de départ, ce ne sont pas des militants politiques. Ils n’ont pas d’histoire, ils ont un coup de colère. C’est leurs parents qui avaient participé à la construction de ce pays et qui continuaient à être des colonisés. Et donc les enfants étaient en révolte et c’est légitime par rapport à la manière dont leurs parents étaient traités. Et 81, c’est 13 ans après mai 68. On est encore dans l’illusion du monde qui va changer. Et la victoire de 81, ça n’a rien à voir avec la victoire de François Hollande, dans l’impact que ça a dans la société et dans le rêve que collectivement on avait porté. Moi, souvent, quand je dis ça et c’est très compliqué, je dis : moi un 1er mai, pour moi c’est un 1er mai où d’abord on ne pouvait pas, quand on était un peu militant et un peu engagé, on ne pouvait pas penser qu’on n’allait pas être dans la rue. Et on était dans la rue pas par dizaines, par centaines de milliers. Je parle du 1er mai. Une grève générale lancée par un syndicat, c’étaient des millions de salariés qui se mettaient en grève. Et puis malheureusement, très vite, le 81 qu’on avait espéré ne répond pas aux attentes dans tous les domaines, dans le domaine économique, dans le domaine social et dans le domaine sociétal, il reste limité. Et il y a un premier ministre de la gauche à l'époque qui s’appelle Pierre Mauroy qui, lorsqu’il y a les premières grèves de ces travailleurs de Citroën Aulnay, dit : oui, c'est des travailleurs immigrés, c'est voilà, c'est les musulmans, c'est communautariste, etc., et tout. Alors que c'est une lutte ouvrière, ce n'est pas une lutte raciale, etc. C'est une lutte ouvrière d’ouvriers qui croyaient que les choses allaient changer, qu’ils se rendent compte qu’ils vont être mis sur le carreau. Il y a un crime raciste qui va sensibiliser l’opinion publique et ce crime raciste s’appelle Aziz Madak à Menton, Malik c’est après, c’est en 86. Il va sensibiliser, on lance une initiative terrible en disant 1 minute de silence, on lance ça comme ça. Et puis, tout d’un coup, en 3-4 jours, toute la France se met en mouvement. Et là, à ce moment-là, SOS prend son envol. Nous avons fait un concert à la Concorde en 1985 où il y a eu 1,5 million personnes qui sont venues sans aucun incident. Il commence à 17 h, il finit à 9 h et demie le lendemain matin. Charles Pasqua à l'époque dit la chose suivante : nous avons les valeurs communes avec le Front National. Et donc, il y a ce qu’on appelle la mobilisation de Waquet. Et dans cette mobilisation de Waquet, il y a un symbole terrible qui va être vécu par toutes ces générations, c'est qu’il y a un jeune qui est assassiné par des CRS et que ce jeune, il s’appelle Malik Oussekine. Nous avons porté la victoire de François Mitterrand en 88, mais après, il y a une énorme déception. C'est que la gauche qui arrive en 88, portée par ce mouvement générationnel, lui tourne le dos et on se retrouve avec ce moment ubuesque où un premier ministre de la France, porté par ce mouvement, dit : maintenant, ces histoires-là, on les met sous la table, parce qu'il faut faire consensus et on n’en parle plus. Donc, la question qui est posée désormais au pouvoir politique, c'est d’avoir le courage politique d’assumer ce combat et cette identité. C'est d’avoir le courage au niveau où il est de dire : désormais, voilà la société que nous défendons. Et là il y a du travail.

On a fait donc un tour de France, un tour d’Europe depuis le 7 octobre, qui a pratiqué ses universités européennes. Il y a trente ans, il y avait la Marche pour l’égalité, qui est partie de Marseille pour arriver à Paris le 3 décembre 1983. Pour avoir moi-même pris un minibus depuis la Drôme pour monter à cette marche, je me souviens vraiment de l’énergie que cela avait donné au combat antiraciste. Et puis, SOS Racisme avait repris la démarche de faire des marches, d’aller de ville en ville, générer des mobilisations, provoquer des débats publics, solliciter les énergies et rassembler des forces à l’arrivée à Paris. La rencontre, à chaque fois, donne de l’énergie à des gens qui se disent : si on vient jusque dans ma ville, jusque dans mon quartier, c’est qu’il y a des gens qui s’intéressent encore à moi et je suis souvent oublié des politiques, mais il y a quand même des gens qui viennent de loin pour venir me rencontrer.

La première ces choses qui revient, c’est que les associations dans les quartiers sont extrêmement pauvres avec, pour la plupart des associations qui militent, que ce soit contre le racisme au côté des sans-papiers, qui est de ne pas avoir été soutenues par la puissance publique, durant les dix dernières années. La deuxième chose, c’est que les associations nous rejoignent sur le fait qu’on est une plate-forme de revendication. Nous revendiquons donc pour casser les logiques de ghetto, de ségrégation, on lutte contre les discriminations dans le logement, qu’on anonymise les candidatures HLM et ça a été souvent un point de discussion avec les élus qui ont été rencontrés localement. Il y a des revendications, bien sûr, sur les moyens – je disais aux associations où on réclame qu’il y ait une partie des moyens qui sont donnés aux associations qui puisse être cogérée, codistribuée par des représentants des associations à égalité avec des élus, dans des commissions paritaires, pour éviter le clientélisme. On a rajouté à cette plate-forme le droit de vote des étrangers qu’on continue de réclamer avec l’accord de toutes les associations qui nous ont apporté leur renfort dans les différentes étapes.

Le quatrième point, c’est la critique qui nous est faite globalement, mais on est les plus épargnés, c’est le manque d’unité. Sur la montée de l’extrême droite qui est un phénomène maintenant qui n’est plus simplement français, qui est un phénomène européen, on s’est rendu compte, au fil des années, que la chasse aux étrangers qui seraient les boucs émissaires de la crise n’est pas un phénomène franco-français. C’est aussi ce qui arrive en Espagne, en Italie, dans des pays qui ont une très forte immigration dans les années 90 et qui, aujourd’hui, ont des scores à l’extrême droite, qui sont très importants. Ce n’est pas le cas de l’Espagne nécessairement, mais on a vu le cas dans les pays à l’est de l’Europe et dans des pays même comme l’Italie.

Il y a beaucoup de militants associatifs qui vont venir ici avec l’espoir qu’ils sortent de ces trois jours une plate-forme de revendication à l’échelle européenne. C’est ce qui va clôturer les trois jours, qu’on soit capable, à l’issue de tous ces débats, de porter ensemble des revendications communes pour pouvoir poser sur les élections européennes de mai prochain, en interpellant chacun dans nos pays, les parlementaires qui sont les plus sensibles à nos revendications.

 

 

 

Un intervenant

Je pense qu’il n’y a de nouveau que ce qui a été oublié. Ce n’est pas parce que le rapport qu’il nous a sorti hier, qu’on va découvrir les inégalités. Ceux qui ont fait un peu de sociologie auront lu Bourdieu et savent que l’école, non seulement reproduit les inégalités, mais il les aggrave. Donc en réalité, il y a la question fondamentale, c’est la question que l’école est sur le feu d’une contradiction entre sa mission qui est de produire de l’égalité qui est marquée, affichée sur son fronton et la réalité des inégalités non seulement qu’il abrite, mais qu’il produit en matière d’orientation, en matière de sanction, en matière d’accueil des familles.

 

 

 

Un intervenant

D’abord, parce qu'elles ont débuté le jour du décès de Nelson MANDELA, un infatigable défenseur des droits de l’Homme, dont la vie force le respect et dont la vie peut nous apporter plein d’enseignements. Ensuite, parce que je crois, ceux qui ont assisté ont vécu un moment fort autour de l’anniversaire de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, anniversaire non pas vécu comme une commémoration d’anciens combattants, mais comme la transmission à de nouvelles générations de militants, de l’histoire, je devrais dire plutôt des histoires et des valeurs qui sont portées par les marcheurs de 83. Enfin, et le terme n’est pas le bon parce que ce n'est pas une fin, c'est une continuation d’une nouvelle marche en avant vers d’autres horizons que le gris parfois de nos cités. Ces nouveaux horizons lointains, utopiques diront certains, ont pour nom liberté, égalité, mais surtout fraternité, fraternité grâce à la laïcité.

Mais nous devons réfléchir individuellement et collectivement pour ne pas reproduire les mêmes erreurs que ceux qui nous ont précédés. Seul, on va plus vite, ensemble on va plus loin. Je vous laisse méditer là-dessus. Ce temps de réflexion nécessaire à la Fédération des Maisons des Potes, nous allons le prendre pour ne pas nous tromper de chemin. Et je terminerai par cette phrase d’un autre combattant des droits de l’Homme, qui a été assassiné et qui nous invite au rêve et à l’utopie : lorsqu’on rêve tout seul, ce n’est qu’un rêve, lorsqu’on rêve à plusieurs, c'est déjà une réalité, l’utopie partagée, c'est le ressort de l’histoire, cette histoire, construisons-la ensemble. Merci.

 

 

Lamia Dzanouni

J’aimerais que vous disiez en deux mots quels conseils vous pourriez donner aux militants d’aujourd'hui.

  

 

 

Mathilde Ohin

Et cette marche, elle m’a permis à moi aussi d’être intégrée, de prendre la parole aujourd'hui devant vous. Et tout ce que je regrette ce soir, c'est de ne pas avoir la présence des amis du mouvement Ni putes Ni soumises, parce que moi, j’ai travaillé avec Fadela Amara cette Fédération des maisons des potes qui a porté le mouvement comme maman.

  

 

 

 

 

Un intervenant

Pourquoi 30 ans après, quand la gauche est au pouvoir, on commémore ? Je pense que la gauche a dû financer un peu quand même. Alors, quelle gauche, le PS, je ne sais pas qui, le gouvernement, mais il y a quand même eu de l’argent qui est venu pour financer. Sinon, on fait illusion, on rentre dans un état qui a la capacité à mobiliser certaines énergies à travers certains groupes sociaux et certains… Et ça, je n’ai pas à en parler aux leaders politiques parce qu'ils le savent, ils connaissent les courroies. Donc, je crois que c'est plus intéressant, c'est s’interroger pourquoi il y a eu échec de ses mouvements-là ?

 

 

 

 

Une intervenante

C'est bien qu’il y ait eu un film, même si je comprends très bien que ce soit difficile pour ceux qui ont participé à cette marche de le regarder, c'est très bien parce qu'il faut le transcrire à nos enfants, et le droit de mémoire, il y contribue. Maintenant, moi ce que j’aimerais pouvoir entendre de la part de nos gouvernants en tout cas, c'est qu’enfin, un jour, on puisse inscrire dans les livres scolaires effectivement. Comment voulez-vous qu’aujourd'hui, nous ne subissions pas davantage le racisme, en tout cas même si ce n'est pas nous, à travers nos enfants et nos petits enfants si dès lors qu’au sommet de l’Etat, il y a des propos racistes qui sont tenus et qui ne sont pas condamnables et condamnés.

 

 

 

Une intervenante

Même si les discriminations existent, mais entre mon arrivée à Poitiers en 1998 et maintenant 2006, pour moi les choses ont vraiment évolué, mais très rapidement. C'est-à-dire qu’autant en 1998, je n’aurais pas pu parler par exemple, de quelques mesures de discrimination, autant maintenant, je peux en parler. Maintenant, il y a une écoute, il y a du réel, on peut mettre des mots sur ça et puis, il y a surtout des leviers. En 2006, je crois, il y a une loi qui a été votée contre les discriminations.

 

 

 

 

Loïc Rigaud

Là où moi je suis déçu, c'est que ça faisait 1 an qu’il y avait un racisme là contre les musulmans assez fort et on n’entendait pas grand monde agir dessus. Parce que, comme ça touche à la religion, SOS Racisme et d’autres ont décidé à un moment donné que c'était un danger, donc on ne peut plus parler de ça sans se faire embarquer dans les dérives religieux. Oui, SOS et les autres ont eu raison de dénoncer les dérives islamo-gauchistes et autres. Aujourd'hui, je pense qu’il faut aussi tenir un discours sur les gens qui subissent les violences parce qu'ils ont le voile ou parce qu'ils sont musulmans et que ce non-discours pèse aujourd'hui antiracisme.

 

 

 

Abdel Aissou, DRH de Randstad

Il y avait un vrai désaccord avec Julien DRAY SOS Racisme, parce que le mouvement beurre, sauf le respect que je dois aux marcheurs, il était global. Il y a 20 marcheurs qui ont marqué les années 80, ça ne disqualifiait pas la parole des autres. Et ce désaccord que nous avions, il ne s’agit pas de jouer les anciens combattants, c'est que nous avons considéré à l'époque que SOS avait confisqué le mouvement et que les moyens qui émanaient du gouvernement de l’époque allaient en priorité vers SOS.

 

 

 

 

Julien Dray, Conseiller régional ile de France

La pensée à la mode à la télévision aujourd'hui, c'est Eric ZEMMOUR. C'est d'ailleurs la pensée, le degré zéro de la pensée politique. La pensée réactionnaire est devenue la pensée à la mode et la pensée progressiste est suspecte. La pensée qui dit… voilà. Et c'est pour ça que par exemple, je maintiens dans ce débat qui était lourd de signification et sur lequel, là je reconnais qu’il y a eu des hésitations, assimilation intégration. Et la gauche a commencé à reculer lorsqu’elle a commencé à baisser la tête sur le terme d’assimilation. À un moment donné, en 1989, on voit que la gauche ne prend pas le bon chemin, on est à l’approche des élections européennes et on se pose la question de rompre avec la gauche et de faire une liste : métissé, machin, etc. Et MITTERRAND nous a arnaqués ce jour-là en disant : mais non, intégrer encore le parti socialiste, vous allez avoir une place sur la liste, vous allez être formidables. On a un élu qui a servi à rien, qui a disparu dans l’élan de l’histoire, etc., alors que c'était le moment où il fallait créer le rapport de force par rapport à la gauche. Et donc la question qui vous est posée à vous, c'est celle-là. Le seul conseil que je peux vous dire, ne refaites pas cette erreur-là. Ça ne veut pas dire qu’il faut être contre la gauche, ce n'est pas ça la question qui est posée, au contraire, mais ça veut dire qu’il faut lui mettre des coups de pied dans le derrière quand elle n’est pas au rendez-vous de ce qui est sa mission historique. Et sa mission historique, ce n'est pas de prendre la place des autres, c'est de réaliser les choses.