LUTTER CONTRE LES DISCRIMINATIONS EN EUROPE

Duskova

Vous pouvoir avoir ou avoir eu l’impression que les gens qui manifestent contre les Rroms sont des anormaux, des gens particuliers. Or, depuis cette année, ce sont des gens de tout venant, des gens qui se qualifient eux-mêmes de « normaux ». Nous faisons des sortes de contre-manifestations où nous essayons de prouver que els Rroms sont des gens normaux, ce ne sont pas des gens différents des autres. Ce que nous appelons le testing consistait à voir si les Rroms pouvaient louer un logement là où il n’y avait pas d’autres Rroms avant. La chose la plus important était de dire très clairement que la République tchèque était le pire de tous les pays. Ce n’était pas vraiment une surprise, mais ce qui nous intéressait c’était que le testing était international, avec la participation de plusieurs pays.

Il était très intéressant d’avoir une bonne couverture médiatique. Et en ce qui nous concerne, pour les médias tchèques, et c’est la même chose en France, il faut que les médias français en parlent. Et nous avons essayé de faire ça en Tchéquie par des tests internationaux.

 

 

 

Sihem Souid, journaliste écrivain auteur d’ « Omerta dans la police »

Ce problème du racisme existe déjà dans nos cabinets. Quand on réussit le concours de la Police Nationale, ce n’est pas un cadeau qu’on nous fait. On est passé devant un jury, on a passé un concours, on nous l’a pas offert. Et  on a dû doublement, triplement faire nos preuves, et encore plus quand on est une femme. Alors moi que je reçois des appels à l’aide, je les renvoie vers l’association « SOS fonctionnaires victimes » que j’avais créé, et dont aujourd’hui je suis présidente d’honneur parce que je n’ai plus le temps de m’en occuper.

Dans le cadre d’un contrôle, le policier peut contrôler qui il veut sans donner la raison.

 

 

 

 

 

 

Xavier Gadrat, Secrétaire National du Syndicat de la Magistrature

Oui bonjour à tous et à toutes, moi, je suis Xavier Gadrat, je suis représentant du syndicat de la magistrature ici. On est d'accord sur le constat, on est d'accord sur la déception, évidemment puisqu'on avait cet engagement n° 30 de François Hollande de lutter contre le contrôle au faciès. On a eu ce petit espoir de ce qu’avait pu déclarer le premier Ministre lorsqu’il a été installé, et rapidement, espoir rapidement douché par les déclarations de Manuel Valls qui a cédé très rapidement aux syndicats de police les plus réactionnaires. Nous, on considère que la lutte contre les contrôles d’identité discriminatoires, passe par un ensemble de mesures qui comprennent la question de l’attestation, mais pour nous, ce n'est pas suffisant. Il suffit tout simplement que le document qui va être rétabli, ce récépissé, ou qui va être un truc en double tout simplement. Et vous avez un numéro, numéro qui est le même bien sûr, évidemment sur la première partie et sur la deuxième. La partie conservée par les syndicats de police, vous avez le numéro, le motif du contrôle, les circonstances du contrôle, c'est-à-dire où est-ce que ça s’est passé ? À quel endroit ? Pourquoi on a décidé de faire un contrôle ? Et la partie qui est donnée à la personne, vous avez ces mêmes indications, motif du contrôle, circonstances, etc., et les coordonnées d’identités, ça permet de contrôler a posteriori les conditions et les motifs pour lesquels le contrôle a eu lieu.

Ce qui pose problème aujourd'hui en France, c'est qu’au fil des années, on a élargi de plus en plus les conditions dans lesquelles et les raisons pour lesquelles on pouvait procéder à un contrôle d’identité. En clair, aujourd'hui, on en est arrivé à une situation telle qu’on est dans un arbitraire assez total, on a ajouté des critères c'est-à-dire, pour contrôler les étrangers. Et puis ensuite, pour contrôler en cas de risque ou de troubles par rapport à l’ordre public. Ça c'est le critère totalement bateau, vous y mettez ce que vous voulez, et avec un tel critère, vous contrôlez qui vous voulez, quand vous voulez et comme vous voulez. Alors, moi, je veux bien que le matricule, ça ennuie déjà les policiers, mais enfin, franchement, ce n'est pas ça qui va régler le problème, en tout état de cas de choses. Ça les ennuie, ça ne règlera pas le problème. On n’a pas parlé des palpations de sécurité, ça, c'est aussi un truc qui est insupportable, la façon dont ça se passe. Et là, on va nous mettre dans un code de déontologie qui est en discussion au Ministère de l’Intérieur depuis 1 an ou 1,5 an, qui n’est même pas encore sorti. Alors qu’il faudrait que ce soit dans la loi, c'est-à-dire qu’on encadre strictement parce que là encore, vos papiers et palpation directe quasiment, souvent. Et ça, c'est aussi ce qui pose problème et ce qui est à l’origine de pas mal de situations difficiles, voilà.

 

 


Discriminations : Xavier Gadrat, Syndicat de la... par FNMDP

 

 

 

 

Mehdi Thomas Allal responsable du pôle anti-discriminations de la fondation Terra Nova

En fait, c'était l’engagement numéro 30 de François Hollande, ce n’était pas de mettre en place un récépissé, mais c'était de lutter contre le contrôle au faciès. Alors, rapidement, le débat s’est focalisé sur le récépissé. Moi, ce que j’aimerais dire sur le récépissé, c'est deux choses. C'est que les expériences européennes qui ont été menées dans des villes, dans des communautés et dans des collectivités territoriales, elles ont révélé deux choses. Elles ont révélé d’une part que ça n’alourdissait pas le travail des policiers et d’autre part, que ça améliorait leur efficacité, c'est-à-dire que ça permettait de mieux lutter contre la délinquance. Donc, il n'y a pas de raison, si Valls a obtempéré, c'est sous la pression des syndicats et c'est inadmissible. Alors, simplement, ce que je voulais dire, c'est que pour améliorer les rapports entre la police et les citoyens, pour améliorer les rapports entre la police et les jeunes des quartiers, il n'y a pas seulement un récépissé. C'est tout une batterie de mesures qui ont été expérimentées dans différentes localités aux différentes collectivités territoriales en Europe. Ça va du jeu de rôle jusqu'à différentes instances de dialogue, entre les policiers et les jeunes des quartiers. Pour moi, une police républicaine, ce n'est pas seulement une police exemplaire, c'est une police qui doit être représentative de la population qu’elle est amenée à contrôler. C'est-à-dire qu’il y a des mécanismes aujourd'hui pour favoriser l’intégration des minorités pour lutter contre le sexisme, pour favoriser la parité au sein de la police, mais ça ne va pas assez loin. Pour l’instant, globalement, c'est quoi ? C'est des jeunes expérimentés blancs qui contrôlent des gens issus des minorités. Et il y a une forme d’incompréhension culturelle, qui, à mon avis doit être combattue fermement. Voilà, c'est un peu radical, mais si vous voulez, c'est l’idée que la discrimination positive, elle doit s’appliquer au niveau de la police parce que sinon, on n’arrivera pas à résoudre, à résorber la fracture qui existe entre les jeunes des quartiers et les policiers. Qu'est-ce que je pourrais rajouter ? Oui, le contrôle au faciès, le délit de faciès plutôt, c'est quand même un délit qui est fondé sur l’origine raciale, certes, mais qui est aussi fondé sur l’apparence physique. C'est-à-dire que l’accoutrement est essentiel. On constate qu’un jeune blanc à capuche est autant contrôlé qu’un noir qui serait habillé normalement sans jean et sans basket. Donc, il faut bien faire attention à ça, je pense que la notion d’apparence physique est une bonne façon d’appréhender les choses. Puisqu'on regroupe à la fois les phénotypes ethnoraciaux et on regroupe à la fois l’accoutrement, on regroupe la laideur, on regroupe toute une série de critères qui font qu’on est plus contrôlé par le police que d’habitude.


Discriminations : Mehdi Thomas Allal, pôle anti... par FNMDP

 

 

 

 

Sihem Souid, journaliste écrivain auteur d’omerta dans la police

Je suis entrée dans la Police Nationale en 2005 et j’ai été témoin, lors de mes missions de police, de certains comportements qui sont indignes de la République. Quand il y avait un avion qui descendait, qu’on devait contrôler, qui venait du Maghreb, on nous disait : allez-y, contrôlez un avion de couscous. Pour les Africains, c'était les bamboulas. Les supérieurs étaient là et ne disaient rien. Ça les faisait rire plus qu’autre chose. Et il y a aussi eu, j’avais beaucoup dénoncé aussi le problème de l’homophobie dans la Police Nationale ainsi que du sexisme et du machisme. Tout ça, je l’ai dénoncé dans mon premier livre qui s’appelle Omerta dans la police. Donc, à chaque fois qu’on avait un contrôle, c'était toujours le noir ou l’arabe qu’on contrôlait, selon sa tenue vestimentaire.

Un exemple, un homme d’une quarantaine d’années vêtu d’un costume et d’une cravate n’aura pour moi aucune chance d’être contrôlé, en tout cas, il ne sera pas contrôlé. Tandis que les jeunes issus de l’immigration et surtout issus des quartiers populaires, il y a vraiment de la pression, ils vivent beaucoup sous pression face à tout ça, parce qu'ils sont contrôlés parfois jusqu'à 8 fois par jour. Donc on s’est battu avec Stop au contrôle au faciès pour avoir des attestations d’identité comme il en existe en Espagne. Manuel Valls bien entendu, fidèle à lui-même n’a pas accepté, Jean-Marc Ayrault nous avait donné raison au début de son mandat si vous vous en rappelez. Puis après, Valls a tout de suite dit : mais non, il n’y aura pas d’attestation d’identité. Tout ça, pour ne pas se mettre en gros la police à dos. Mais, Stop contrôle au faciès a quand même réussi à avoir le matricule, en ce moment, tous les uniformes sont en train d’être refaits avec le matricule sur l’uniforme et je peux vous dire que ça fait vraiment chier les policiers. Et ça, je pense qu’il doit y avoir une grosse prise de conscience aujourd'hui. Et je pense qu’aujourd'hui, les gens sont beaucoup résignés, il ne faut pas être résignés, il faut être indignés et il ne faut pas se résigner, il faut se battre jusqu'au bout. Voilà, merci de m’avoir écoutée.


Discriminations : Sihem Souid, autrice d'omerta... par FNMDP

 

 

Marr Careira, Porte parole de Sos Racisme Barcelone

Pour commencer, je dois dire avant tout qu’en Espagne, il n'y a pas de  loi contre la discrimination. Les partis PCE, les partis socialistes de l’Espagne en 2011 a essayé de faire passer une loi contre les discriminations pour origine et aussi pour la couleur de la peau, pour l’orientation sexuelle et toutes les catégories de la discrimination. Mais ça n’a pas eu de succès, nous portons plainte au niveau pénal contre la police, contre les personnes individuelles, par exemple des collègues dans un bureau ou des voisins, voisines qui ont des problèmes. Donc, une stratégie, c'est ça, porter plainte. Le Code pénal de l’Espagne a une circonstance aggravante, c'est ça ? C’est la circonstance aggravante de racisme, mais c'est très difficile de le faire appliquer parce que beaucoup de discriminations physiques, agressions, violences sont considérées pas un délit, mais un délit mineur. Nous utilisons les associations de consommateurs pour se plaindre. Aussi, nous utilisons le défenseur del pueblo, ça c'est les médiateurs de l’état. Et nous utilisons aussi la médiation. Nous essayons de contacter avec des médiateurs dans les mairies surtout pour les cas entre voisins et voisines. Finalement, la quatrième stratégie, c'est la stratégie que nous utilisons, de façon plus politique, c'est de faire des lobbying, essayer de faire pression à nos administrations, nos politiciens, à tous les niveaux pour essayer de faire la loi que j’ai mentionnée au début de mon intervention. Mais aussi pour changer des situations qui se passent au niveau local. Par exemple, quand une personne veut chercher un travail, il y a par exemple une mairie qui le dit : non, vous ne pouvez pas accéder à ce travail parce que cette entreprise dit pas d’immigrés. Pour dire que, nous avons de l’énergie et nous allons suivre notre route. Merci.

Pour commencer, je dois dire avant tout qu’en Espagne, il n'y a pas de  loi contre la discrimination. Les partis PCE, les partis socialistes de l’Espagne en 2011 a essayé de faire passer une loi contre les discriminations pour origine et aussi pour la couleur de la peau, pour l’orientation sexuelle et toutes les catégories de la discrimination. Mais ça n’a pas eu de succès, nous portons plainte au niveau pénal contre la police, contre les personnes individuelles, par exemple des collègues dans un bureau ou des voisins, voisines qui ont des problèmes. Donc, une stratégie, c'est ça, porter plainte. Le Code pénal de l’Espagne a une circonstance aggravante, c'est ça ? C’est la circonstance aggravante de racisme, mais c'est très difficile de le faire appliquer parce que beaucoup de discriminations physiques, agressions, violences sont considérées pas un délit, mais un délit mineur. Nous utilisons les associations de consommateurs pour se plaindre. Aussi, nous utilisons le défenseur del pueblo, ça c'est les médiateurs de l’état. Et nous utilisons aussi la médiation. Nous essayons de contacter avec des médiateurs dans les mairies surtout pour les cas entre voisins et voisines. Finalement, la quatrième stratégie, c'est la stratégie que nous utilisons, de façon plus politique, c'est de faire des lobbying, essayer de faire pression à nos administrations, nos politiciens, à tous les niveaux pour essayer de faire la loi que j’ai mentionnée au début de mon intervention. Mais aussi pour changer des situations qui se passent au niveau local. Par exemple, quand une personne veut chercher un travail, il y a par exemple une mairie qui le dit : non, vous ne pouvez pas accéder à ce travail parce que cette entreprise dit pas d’immigrés. Pour dire que, nous avons de l’énergie et nous allons suivre notre route. Merci.


Discriminations : Mar Carrera, Sos Racisme... par FNMDP